Une heure rien que pour soi

Qui peut pratiquer le yoga ?

T. F. : Le cours est ouvert à toutes celles et tous ceux qui souhaitent se faire du bien, retrouver des sensations, se réapproprier leur corps. Et ce, à tout moment de leur maladie, que ce soit au début, au milieu ou en fin de traitement. Il s’agit d’un cours de hata yoga, où on travaille les postures. Il y a 6 places disponibles et chaque cours dure 1 h.

Comment se déroule une séance ?

T. F. : La structure du cours est toujours la même. Parce que les personnes arrivent de l’extérieur, de l’agitation, de la circulation… nous commençons par un temps de silence.
Assise en tailleur, chacune est amenée pendant 3-4 mn à prendre conscience de son corps, de son mental, de sa respiration. On dépose son quotidien pour se rendre disponible.
Ensuite, pendant 50 mn environ, j’amène les participants en position allongée, assise et assez régulièrement debout, pour pratiquer des postures adaptées à leurs corps et à leur état de santé. On ne va jamais très loin dans les postures, mais on garde l’intention.
Les 10 dernières minutes sont consacrées à une relaxation en position allongée. Puis, on revient en position assise et on termine par 2-3 mn de silence, avant de retourner dans le monde, chacun vers son quotidien.

Est-il possible de pratiquer quand le corps est douloureux ?

T. F. : Oui, c’est possible. D’abord, en évitant les positions qui peuvent être douloureuses. Les postures sur le ventre, notamment, qui sont contre indiquées si la personne a subi une intervention chirurgicale. Mais aussi, très souvent, en atténuant la douleur grâce au mental. En visualisant la zone douloureuse, par exemple, et en se détachant de cette douleur à chaque expiration. La respiration est la clé du yoga. Elle permet d’apaiser le corps et le mental. Or souvent, les gens respirent mal. Par des exercices appropriés – ce qu’on appelle le pranayama, la dynamique du souffle – je leur fais découvrir leur respiration ventrale, intercostale, pulmonaire… Grâce à une respiration mieux contrôlée, ils peuvent apprendre à gérer leur douleur.

Quels sont les bienfaits dont on vous fait part ?

T. F. : Mon objectif est que sur 6 séances, on ait fait le tour des différentes chaînes musculaires au niveau des jambes, du bassin, des bras et du dos, qui est très souvent douloureux. J’aide les personnes à reconquérir une forme de souplesse, je leur fais redécouvrir des sensations. Cela les aide à accepter leur corps, qui souvent a changé et qu’ils ne reconnaissent plus. De plus, quand les gens s’inscrivent au cours alors qu’ils sont en tout début de traitement, le yoga leur donne des clés pour mieux vivre la chimio, pour penser à leur respiration, pour ne pas se laisser submerger par l’angoisse. Une séance de yoga, c’est une heure coupée de la routine. Une heure à soi. Et après 2 ou 3 séances, je vois que les personnes vont mieux, qu’elles reconquièrent leur corps et se sentent plus en confiance.