Comment reprendre ma vie en main ?

On connaît les coachs pour sportifs, pour dirigeants… Quel est l’intérêt du coaching pour des personnes atteintes d’un cancer ?

K.D.: Être coach de vie dans un ERC consiste à accompagner les personnes pour qu’elles reprennent du pouvoir sur leur vie. En effet, en plus de souffrances physiques, la maladie entraîne souvent une perte d’estime de soi, des peurs, des difficultés à communiquer avec l’entourage… Je les aide à exprimer ces problèmes, à comprendre comment elles fonctionnent et à transformer leurs comportements pour aller mieux dans leur vie personnelle, familiale, professionnelle…

L’objectif est de gagner en bien-être ?

K.D.: Oui, de façon très concrète et grâce à un processus en plusieurs étapes.

Dans un premier temps, je recueille les attentes et explique la manière dont nous allons cheminer pendant la dizaine d’heures dont nous disposons. Chaque séance dure entre une et deux heures.

Puis nous explorons ensemble la problématique. Qu’est-ce qui se passe dans tel type de situation ? Quels sont les comportements inadaptés mis en place ? Qu’est-ce que la personne ressent, quelles sont ses croyances limitantes, le rapport qu’elle a vis-à-vis de son corps ?

À l’issue de cette analyse, nous fixons ensemble un objectif à atteindre. Ce peut être reprendre confiance en soi, rompre l’isolement, renouer avec sa corporalité, retrouver l’envie de bouger et le goût d’agir, reprendre le travail, en changer…

Ensuite, je guide la personne pour qu’elle identifie les ressources qu’elle a en elle, et nous élaborons un plan d’action.

Le travail se fait aussi en dehors des séances ?

K. D.: Oui, entre chaque séance, je propose des petits exercices à faire dans les situations inconfortables ou difficiles. J’invite la personne à observer ce qui se passe à l’intérieur d’elle-même et à analyser ses émotions. Il peut s’agir de tristesse, de colère, de peur, d’un sentiment d’injustice…

Le travail se poursuit à la séance suivante. Les participantes ont besoin de cet espace neutre, ce cocon où déposer leurs émotions sans avoir à protéger leurs proches. Car beaucoup gardent tout en elles pour ne pas peiner ou inquiéter leur entourage. C’est alors une double peine qu’elle subissent.

En tant que soin de support, cet accompagnement convient-il à tout le monde ?

K. D.: L’ERC reçoit beaucoup de personnes seules, fragiles et vulnérables, et j’accompagne des personnes avec des profils très différents. Mais chacune peut y trouver une source de réconfort. Je me souviens d’une participante qui m’écrivait dans un mail qu’elle avait débuté les séances sans trop d’attentes mais que finalement, elle avait pris conscience de certaines choses qui lui permettaient d’avancer. Son coaching était terminé mais elle gardait des clés qu’elle utilisait maintenant dans sa vie quotidienne. À moi, donc, de fournir à chaque participant les bonnes clés.